Assemblée de Province : des orientations budgétaires prudentes mais volontaristes



Ce mardi matin, les élus de l’assemblée provinciale se sont réunis dans l’hémicycle pour débattre des orientations budgétaires proposées par l’exécutif pour l’année 2023 et pour adopter plusieurs projets de délibérations, parmi lesquelles un dispositif d’incitation à l’installation de médecins libéraux.


Face au silence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, notamment sur la clé de répartition des recettes fiscales, la prise en charge de l’aide médicale et de l’enseignement privé – compétences qui lui reviennent – ou le secteur hospitalier et le financement de la santé, l’exécutif de la province Sud doit pallier bien des sujets, dans le cadre bien sûr de ses propres compétences, pour agir et garantir à ses administrés une continuité de service et une amélioration constante des conditions de vie en province Sud. Il proposait donc ce matin plusieurs sujets phares au débat et au vote des élus.

Des orientations budgétaires ambitieuses mais contraintes

C’est dans un contexte économique et fiscal malheureusement dégradé que la Province a élaboré son pré-budget pour 2023. Soumises à débat en assemblée de Province, ces orientations budgétaires s’inscrivent dans la lignée des ambitions de la mandature : redresser les comptes tout en favorisant la relance économique par l’investissement. « La Province, depuis le début de la mandature, travaille à la reconstitution de la capacité d’épargne, notamment par la maîtrise de la masse salariale (130 emplois non renouvelés). L’épargne a atteint 15 % en 2021, nous permettant de continuer à financer notre politique volontariste d’investissement. Nous sommes la 1ere collectivité en termes de collaborateurs (2400 personnes) et d’intervention, avec 12 milliards d’investissements, soit le double de la Nouvelle-Calédonie. La Province est donc le premier soutien à l’économie et à l’emploi », rappelle Philippe Blaise, 1er vice-président.

Orientation budgétaire : des constats évidents et une présentation claire, qui n’ont pas fait débat.

Une volonté pourtant freinée, puisque la Province est largement pénalisée par la clé de répartition des ressources fiscales, qui lui accorde une quote-part de 49.28 %, alors même que sa population a atteint plus de 75 % de la population de Nouvelle-Calédonie. Sans compter que « l’aide médicale gratuite n’est pas couverte par les dotations de la Nouvelle-Calédonie, nous laissant au pied du mur pour 2023, avec la perspective de devoir faire un choix pour préserver notre capital à investir. Une loi du Pays a été déposée par Sonia Backès et Jacques Lalié au congrès et validée par le Groupe de Travail des Présidents d’Exécutifs, pour que la Nouvelle-Calédonie prenne part à ce financement. Sans cela, nous n’aurons d’autre choix que de mettre en place des critères pour pouvoir accepter de nouveaux bénéficiaires… » alerte Philippe Blaise.

Incitation à l’installation des médecins libéraux : une initiative unanimement saluée

Autre délibération phare de la matinée, adoptée à l’unanimité par l’assemblée : le dispositif d’incitation à l’installation de médecins libéraux dans les zones déficitaires de province Sud. « Un dispositif important », comme l’a rappelé Sonia Backès, en introduction de la discussion générale. En effet, cette proposition vise à se prémunir contre une désertification médicale dans les communes de l’intérieur et certains quartiers de l’agglomération en maintenant un équilibre indispensable entre secteur public (les centre médico-sociaux de la Province) et secteur privé. Avec une densité actuelle de 0.58 médecin libéral pour 1000 habitants, quand la densité de référence est de 1/1000, l’exécutif a souhaité répondre aux enjeux à venir de recrutement, d’accompagnement et de maintien des médecins généralistes et spécialistes dans les communes de l’intérieur en lançant une campagne d’incitation ciblée.

Ce dispositif prévoit une incitation financière de 6 millions de francs, versée en 3 fois (1er mois, 18e mois, 36e mois) pour tout médecin français ou étranger mais francophone (s’il est titulaire d’un diplôme reconnu par l’union européenne), qui s’installera au moins 3 ans dans une zone identifiée comme sous-dense. Le professionnel devra proposer au moins 32 h de consultations hebdomadaires, réparties sur minimum 4 jours ouvrables et participer aux formations urgences et aux gardes. En cas de départ anticipé, la somme devra être remboursée. La province Sud pourra également proposer des facilités de logement au sein de son parc immobilier et contribuera aux frais de formation sur la gestion des urgences.

L’initiative a été unanimement saluée par l’assemblée, à l’instar du député Nicolas Metzdorf, qui a souligné « l’effort de la province Sud, première collectivité à prendre position, au bénéfice de tout le territoire ».

« Tous nos postes en CMS sont pourvu, contre 8/30 en Province Nord, ce qui génère une suractivité pour les dispensaires de la Foa et Bourail. », a expliqué Sonia Backès

D’autres mesures en faveur du pouvoir d’achat, de la transparence et de l’innovation

L’assemblée de Province a également approuvé à l’unanimité la prise en charge par la collectivité de la hausse du coût des tenues communes portées par les écoliers, due à l’augmentation des matières premières et du fret, pour éviter qu’elle soit reportée sur les familles et permettre de préserver leur pouvoir d’achat.

Parmi les autres délibérations présentées, on peut également noter l’adoption d’un projet de charte déontologique pour les élus, qui s’inscrit dans l’objectif « Vision Sud » pour favoriser la transparence et créer un lien de confiance avec les habitants, et celle d’une délibération visant à soutenir les start-up face à leur besoin de financement de capital-risque pour passer le cap du développement.

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