Né d’une réflexion en pleine crise sanitaire, Tiati est un snack au cœur du Mont-Dore devenu un espace de rencontres et d’entraide. Une réussite portée par l’audace d’une famille, et soutenue par les dispositifs de la province Sud.
Lorsqu’on arrive au Tiati, on est tout de suite happé par cette ambiance à la calédonienne qu’on reconnaît entre mille : des gens qui se saluent, des sourires, des petites discussions qui s’échangent entre deux commandes. Au milieu des tables, une petite famille de poules, parfaitement à l’aise, se pavane sans se presser. Une scène simple, authentique, qui donne immédiatement le ton : ici, l’énergie est positive, conviviale, profondément calédonienne.
« Qu’est-ce qu’on aime ? »
C’est exactement ce qu’ont voulu construire Rosita, Jade et Fabian. Habitants du Mont-Dore depuis plusieurs générations, cette mère et ses deux enfants ont vécu la période du Covid comme un moment de remise en question profonde. Comme beaucoup, ils ont dû lever le pied, sortir de leur routine et réfléchir à ce qu’ils voulaient vraiment construire dans leur vie. Autour de la table familiale, l’idée d’un projet commun finit par émerger. « On s’est demandé : qu’est-ce qu’on sait faire ? qu’est-ce qu’on aime ? Et très vite, la cuisine s’est imposée », se souvient Rosita, la maman. Alors que Rosita et son mari envisage d’acquérir un deuxième bien, tout s’aligne : un local se libère, à cinq minutes de chez eux, au cœur de leur commune. L’endroit parfait pour donner vie à une entreprise à leur image : Tiati, un snack familial, chaleureux, enraciné dans le Mont-Dore. La famille monte le projet en faisant presque tout elle-même, des travaux jusqu’aux recettes. Les débuts sont intenses… jusqu’à ce qu’au bout de six mois d’ouverture, surviennent les émeutes de 2024.
Un lieu de rencontre durant la crise
« Il a fallu faire preuve d’une grande adaptabilité, raconte Rosita. On a très vite réouvert, mais dans des conditions complètement différentes ». Rapidement, Tiati dépasse son rôle de simple snack et devient un lieu de soutien, d’échanges et de solidarité. « Les gens venaient parler, se rassurer, échanger des infos… C’était important de montrer qu’il fallait continuer malgré tout », précise la mère de famille. « On s’est débrouillés comme on pouvait. De la famille du marché nous fournissait du poisson, des légumes… On trouvait toujours une solution », ajoute Fabian, son fils. Cette résilience, ils la doivent à leur cohésion. « Cette épreuve nous a fait grandir. L’entreprise est familiale donc la solidarité était naturelle. On se serrait les coudes », affirme Rosita.
Une consommation fragile
Si les émeutes ont été un choc, c’est en 2025 que Tiati ressent le plus l’impact économique. La baisse du pouvoir d’achat se voit directement. « On l’a constaté : les comportements d’achat sont très sensibles au contexte politique. Dès qu’un message positif circule, la consommation repart. À l’inverse, un climat plus hésitant entraîne une baisse quasi immédiate de la fréquentation », reconnaît Rosita.
Avancer grâce aux dispositifs provinciaux
Malgré un contexte économique incertain, Tiati poursuit son chemin, notamment grâce au soutien concret de la province Sud, dont les dispositifs ont joué un rôle essentiel dans le développement de l’entreprise.
Avec Sud Pro, ils ont pu rénover entièrement la toiture et installer des panneaux solaires. Un investissement à la fois économique et écoresponsable, parfaitement aligné avec leurs valeurs. Puis est arrivé Sud Jeunes, au moment idéal. Le dispositif a permis d’intégrer Pascale, une jeune formée au RSMA qui avait déjà effectué un stage au snack et habite à proximité. « Pour nous, travailler avec des jeunes du Mont-Dore, c’est essentiel, explique Rosita. Le dispositif nous a permis de lui proposer un CDD d’un an. On la forme, on apprend à travailler ensemble, et le poste va évoluer ».
Pour Pascale, cette opportunité représente une véritable étape de vie : « Après mon CAP cuisine, j’ai fait 10 mois de formation au RSMA. Je cherchais un stage près de chez moi, et c’est comme ça que j’ai découvert Tiati. Le CDD d’un an me rassure : je peux penser à ma petite famille et me projeter. Et puis, travailler au Mont-Dore, chez moi, ça compte », souligne-t-elle.
Et pour demain ?
L’aventure est loin d’être terminée. La famille travaille déjà sur de nouveaux projets, notamment la vente en station-service, qui vient tout juste de débuter. « On ne va pas s’arrêter là. Cette aventure familiale nous apporte du bonheur, du sens et de la liberté. On est très fiers », conclut Rosita. Tiati grandit, mûrit et s’enracine un peu plus dans sa commune. Une entreprise familiale qui, à son échelle, prouve qu’avec de la passion et du soutien, de belles histoires continuent de s’écrire.
