Ils n’en reviennent toujours pas. Ce soir, 18 élèves du lycée Lapérouse s’apprêtent à vivre un voyage unique qui restera gravé dans leur mémoire : s’envoler pour Paris, où ils recevront le 24 septembre le premier prix du concours national « Découvrons notre Constitution ». Pour ces jeunes de seconde, première et terminale, encadrés par Madame Marie-Sybille Régent, leur professeure d’Histoire-Géographie, c’est la fierté d’avoir porté haut les couleurs du Caillou, mais aussi l’émotion de voir leur travail reconnu au plus haut niveau de la République.
Retour sur cette belle aventure qui met en lumière une jeunesse méritante et tournée vers l’avenir, et que la province Sud est fière de soutenir jusqu’à Paris !
Un projet né du besoin de renouer le dialogue
Initié fin 2024, le projet est né à la suite des émeutes du 13 mai, qui ont profondément touché les Calédoniens et particulièrement les jeunes. « Il fallait recréer du lien, donner la parole aux élèves et être en mesure de répondre à leurs questionnements », raconte Marie-Sybille Régent, leur professeure. De ces échanges a germé une idée, un défi ambitieux : participer au prestigieux concours national « Découvrons notre Constitution », en réalisant un court-métrage de trois minutes sur la Constitution, les institutions françaises et les accords fondateurs de la Nouvelle-Calédonie.
Derrière la caméra, chacun a trouvé sa place : écrire, raconter, filmer, débattre. Les élèves se sont investis et y ont cru. À force de travail et de détermination, le 16 juillet dernier, c’est la consécration : le projet se distingue et décroche le premier prix avec les félicitations du jury national. « Une fierté et une grande joie » se réjouit le proviseur, Gilles Ukeiwé : « C’est la première fois qu’un groupe de néo-calédoniens de toutes origines, Maré, Lifou, Ouvéa, la Grande-Terre, Wallisiens, Européens etc…, est primé par le Conseil Constitutionnel. C’est à la fois historique et symbolique. La Nouvelle-Calédonie se trouve tout en haut de l’affiche. »
Visioconférence avec Thierry Lataste dans le cadre de la préparation au concours
Direction Paris : un premier voyage pour beaucoup
La remise des prix aura lieu le 24 septembre, jour de la fête de la citoyenneté calédonienne. « Une date qui revêt pour nous une dimension symbolique forte, et c’est avec fierté que nous représenterons la Nouvelle-Calédonie au Conseil constitutionnel, où nous seront remis notre trophée et notre prix, après une visite du Palais-Royal, lieu façonné au fil des époques par l’esprit de liberté », ajoute Marie-Sybille Régent.
Durant sept jours, les élèves fouleront le sol parisien. « Pour la plupart, ce sera aussi leur premier voyage dans l’Hexagone », confie l’enseignante. Une victoire qui dépasse les frontières et qui résonne d’autant plus fort pour ces jeunes issus de tous horizons, résolument tournés vers l’avenir apaisé du Caillou : « Il y a à la fois de la joie face aux découvertes à venir, de la gratitude envers l’ensemble des partenaires qui ont permis la concrétisation de ce voyage, et une certaine fierté puisque c’est avant tout le fruit d’un travail dense et en cohésion qui nous a permis de décrocher ce prix que nous allons ramener ensemble au pays. Ensemble : c’est d’ailleurs le nom de notre atelier, Kee Wanini en langue Djubéa. C’est exactement l’esprit qui anime notre groupe », assure Marie-Sybille Régent.
Une solidarité précieuse, une victoire collective
Mais un tel déplacement a un coût. Le ministère de l’Éducation nationale ne prenant en charge que deux billets d’avion, beaucoup craignaient de ne pas pouvoir accompagner le groupe. C’était sans compter le soutien de la province Sud, qui a accordé une aide exceptionnelle d’ 1 000 000 F CFP : « On ne voulait laisser personne de côté, et cette aide nous permet de financer cinq billets d’avion. Nous en sommes très reconnaissants », confie le professeur. « La province Sud a entendu l’appel et a apporté sa participation, je l’en remercie, ajoute le proviseur, car c’est aussi une manière de contribuer à la formation, à l’ouverture internationale et à l’épanouissement de nos jeunes. »
Une immersion culturelle pour nourrir de nouveaux projets
« Un pari relevé dans des délais extrêmement restreints et contraints », souligne encore Marie-Sybille Régent. Visites institutionnelles, activités culturelles, ateliers pédagogiques, sortie au théâtre de la Comédie-Française… Sur place, les jeunes vivront « un programme riche, qui s’affine chaque jour avec des partenaires dans l’Hexagone très à l’écoute de nos sollicitations, souvent très précises », précise le professeur.
De quoi inspirer de nouveaux projets et encourager une jeunesse pleine d’espoir : « Dans notre atelier d’innovation pédagogique, nous travaillons sur différents projets, dont l’élaboration d’une version « longue » (20 à 30 minutes) du court-métrage primé, destinée à mieux s’approprier la portée des accords de Matignon-Oudinot et de l’accord de Nouméa, dans l’Histoire de France autant que dans celle de la Nouvelle-Calédonie. Je crois en des lendemains toujours meilleurs et en l’incroyable jeunesse de notre pays, une jeunesse qui ne demande qu’à être mieux accompagnée pour rayonner davantage », confie l’enseignante.
Un projet qui impulse « une vision d’avenir apaisée où chacun trouve sa place pour vivre de manière harmonieuse dans le respect des différences et dans la paix. » conclut le proviseur.
À l’approche du départ, la province Sud souhaite un merveilleux voyage aux encadrants et lauréats, fierté de notre Caillou.
