Les événements de mai 2024 ont profondément marqué le paysage calédonien. Les dommages matériels ont été considérables : routes endommagées ou obstruées, carrefours devenus impraticables, éclairage public hors service, établissements scolaires incendiés, bâtiments administratifs lourdement dégradés… Face à cette situation, la province Sud a déployé une mobilisation d’une ampleur exceptionnelle.
Dès les premières semaines, la Direction de l’Aménagement, de l’Équipement et des Moyens (DAEM) a mis en place un pilotage d’urgence afin de rétablir les services essentiels, sécuriser les sites touchés et engager les premières opérations de reconstruction. Aujourd’hui, cet effort représente près de 1,5 milliard de francs CFP d’investissements déjà engagés : 350 millions pour les infrastructures routières et 1,15 milliard pour les bâtiments publics. Un programme d’envergure, conduit en parallèle des projets structurants déjà engagés, qui inscrit la province Sud dans une dynamique d’action continue. Cette intensification des chantiers contribue également à soutenir l’activité du secteur du BTP dans une période particulièrement délicate.

Réparer et sécuriser les routes
Les infrastructures routières ont été parmi les premières victimes des émeutes. Signalisation arrachée, éclairage public détruit, mobilier urbain utilisé pour dresser des barrages, ronds-points dégradés… Ces dégâts ont rendu plusieurs portions du réseau difficiles, voire dangereuses, à emprunter. La DAEM a donc établi une stratégie en trois temps : tout d’abord la sécurisation des infrastructures, puis le rétablissement de la circulation, et enfin le remplacement durable des équipements.
Intervenir dans l’urgence
Rapidement, les équipes ont recensé les secteurs où la circulation était la plus perturbée. Les premiers travaux ont débuté dès que les conditions de sécurité l’ont permis, c’est-à-dire dès le mois de juillet 2024. Les équipes provinciales ont dû parfois faire plusieurs passages sur une même zone, car des installations essentielles étaient vandalisées de nouveau dans la foulée. Malgré ces obstacles, la province a réussi à traiter les cas les plus urgents dans les premières semaines, rétablissant la circulation sur les axes structurants.
La nature des dégâts a imposé deux rythmes différents : tout ce qui relevait de la chaussée ou de la signalisation simple a pu être intégré dans des marchés déjà existants, permettant une mise en œuvre quasi immédiate. A contrario, certains remplacements, ont été plus complexes, comme ceux de l’éclairage public, et ont donc nécessité des commandes spécifiques, rallongeant naturellement les calendriers. Ainsi, si une grande partie du réseau a pu être remise en fonctionnement rapidement, certains chantiers se poursuivent encore aujourd’hui, en fonction de la livraison des équipements commandés.

Quinze chantiers, bouffée d’air pour le BTP
Cette approche pragmatique a permis d’engager une quinzaine de chantiers, pour un total de 350 millions de francs CFP : on retrouve notamment des opérations de réparation de portions de routes, de glissières de sécurité, de signalisation, d’éclairage public et d’espaces verts. Environ 80% des chantiers se déroulent au Sud de la province, qui a été particulièrement touchée par les émeutes. À ce jour, près de 320 millions de francs de travaux ont été réalisés.
Financé par l’État
Initialement, l’État prévoyait de financer 80 % des réparations routières liées aux émeutes. Mais face à l’avancement rapide des chantiers menés par la province Sud, il a finalement décidé de couvrir 100 % des 350 millions de francs dédiés aux infrastructures routières. Une reconnaissance du sérieux de la collectivité et un soutien déterminant pour boucler les opérations en cours.

Reconstruire les bâtiments publics
Les bâtiments provinciaux, et en particulier les collèges, ont payé un lourd tribut. Incendies, destructions, vols, réseaux électriques endommagés : plusieurs sites ont été entièrement ou partiellement paralysés. La DAEM a mené un diagnostic bâtiment par bâtiment pour établir un plan d’action : 13 opérations majeures sont aujourd’hui engagées.
Priorité à la continuité pédagogique
Les établissements scolaires comptent parmi les sites les plus sensibles touchés par les événements. La priorité de la province Sud a été de permettre une reprise rapide des cours, y compris dans des configurations provisoires, afin d’assurer la continuité pédagogique pour tous les élèves.
Plusieurs collèges font aujourd’hui l’objet de reconstructions ou de rénovations importantes : Auteuil, Boulari, Kaméré, Louise Michel, Normandie, François Ollivaud (dont les travaux sont désormais achevés) ainsi que Tuband. Pour ce dernier, c’était le préau sportif qui devait être reconstruit, et le chantier est officiellement terminé. Dans chacun de ces établissements, les opérations sont engagées et se déploient selon un calendrier adapté à la nature des dégâts.
Le cas du collège de Rivière-Salée est particulier : c’est le seul établissement qui n’a pas rouvert et qui ne rouvrira pas. Les dommages y sont tels qu’une reconstruction complète représenterait un investissement disproportionné. La décision a donc été prise de démolir les bâtiments sinistrés et de répartir les élèves dans les collèges voisins qui avaient la capacité de les accueillir, afin de garantir la poursuite de leur scolarité dans de bonnes conditions.

Reconstruire autrement pour mutualiser le patrimoine
Au-delà des collèges, plusieurs bâtiments administratifs de la province Sud ont également été touchés par les incendies. Face à cette situation, la collectivité a privilégié une reconstruction repensée plutôt qu’une simple remise à l’identique. Certains édifices sont restaurés tels quels, tandis que d’autres sont reconfigurés pour accueillir de nouvelles directions ou mutualiser des services, permettant ainsi d’optimiser l’occupation du patrimoine provincial et de réduire les coûts de fonctionnement dans un contexte budgétaire contraint.
Port Laguerre, entièrement repensé
Le site de Port Laguerre a été l’un des plus lourdement touchés : la biofabrique, plusieurs serres de culture, des zones de stockage, des ateliers techniques et divers locaux annexes ont été détruits par les incendies. Plutôt que de reconstruire ces équipements à l’identique, la province Sud a choisi d’engager une reconfiguration complète du site. L’objectif est à la fois de remplacer les installations sinistrées, de moderniser les outils de travail et de mutualiser les infrastructures avec les autres organismes présents sur place, notamment l’Institut Agronomique Néo-Calédonien et l’ADECAL Technopole, afin d’améliorer l’efficacité globale du site et de mieux organiser les activités agricoles et techniques.
Cette approche stratégique a convaincu l’État, qui a revu son niveau de soutien à la hausse. Initialement prévu sur la base du montant « assurable », le financement public est désormais de 80 % d’un projet réévalué à 700 millions de francs et qui vient s’ajouter aux chantiers déjà engagés. Les études se poursuivront jusqu’en 2026, pour des travaux programmés à partir de 2028.

La province Sud sur tous les fronts
Si la reconstruction des infrastructures routières et des bâtiments publics mobilise une part considérable des équipes de la DAEM, la direction poursuit également les projets engagés avant les événements de mai 2024. La dynamique ne se limite donc pas à la remise en état : elle s’inscrit dans une stratégie de long terme visant à moderniser et structurer durablement le territoire.
Parmi les chantiers hors reconstruction, on retrouve la rénovation globale de 4 collèges (chaque chantier dépassant le milliard de francs CFP), la construction du nouveau collège de Boulouparis, et la reconstruction et réorganisation du centre médico-social de La Foa. Sur le volet routier, la province conduit par ailleurs des travaux d’aménagement d’envergure, dont un projet à près de 700 millions de francs CFP visant à améliorer les échanges entre plusieurs bretelles de la voie express.
Engagée pour l’avenir du territoire
La province Sud aborde cette période de reconstruction avec détermination et méthode. En quelques mois, elle a remis en service les axes routiers essentiels, sécurisé des dizaines de sites, lancé la remise en état des établissements scolaires et engagé des chantiers lourds sur l’ensemble de son patrimoine. Les 1,5 milliard de francs déjà consacrés à la réparation des dommages témoignent de l’ampleur de l’effort engagé et de la capacité des équipes à agir vite, efficacement et en toute transparence.
Mais la reconstruction n’épuise pas l’action de la collectivité. En parallèle, les projets structurants se poursuivent, confirmant que la province Sud n’est pas seulement tournée vers la réparation, mais aussi vers la transformation. Dans cette période décisive, l’ambition est de reconstruire mieux, de restaurer la confiance et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour l’ensemble du territoire. Et de soutenir le tissu économique puisque l’investissement provincial dépassera les 10 milliards de francs en 2025.