C’est un petit bâtiment de 73 m², mais une grande avancée pour l’autonomie alimentaire en Nouvelle-Calédonie. À Boulouparis, la société CEG, dirigée par Marie-Pierre Perrard avec le soutien de son époux David, s’apprête à ouvrir un laboratoire de transformation agroalimentaire. Leur objectif : fournir les cantines scolaires et la restauration collective en produits frais, locaux et de qualité. Un projet ambitieux, encouragé et soutenu par la province Sud, qui s’inscrit dans la volonté de promouvoir une consommation plus durable et plus proche des producteurs.
Une entreprise familiale tournée vers l’innovation
Créée en 2001, CEG trouve ses racines dans l’histoire familiale de Marie-Pierre.
« Avec mes parents et mon frère, nous avons lancé cette entreprise qui transforme la viande de cerf en saucisson. Cela a été dur au début, puis ça a pris. Depuis plus de 20 ans, nous produisons de la charcuterie de cerf », se souvient-elle.
En 2024, Marie-Pierre reprend l’intégralité des rênes de l’entreprise. Un défi supplémentaire qui s’ajoute à leur activité agricole, puisqu’avec son époux, ils exploitent également des terres céréalières et maraîchères sur Boulouparis. Mais la conjoncture actuelle complique la tâche :
« Avec la crise, on s’accroche. On a pu se stabiliser, mais c’est compliqué. Il faut rester vigilants tout en continuant à se développer. Depuis longtemps, nous cherchons comment mieux valoriser nos produits. Aujourd’hui, nous voulons élargir notre gamme et transformer nos légumes. » expliquent-ils.

Le pari du 100 % local
Avec le dispositif TRIAD, qui accompagne la création d’un laboratoire de transformation agroalimentaire, le couple voit l’opportunité de combler un manque sur le territoire :
« Ce projet nous permet d’occuper un segment absent en Calédonie : proposer des produits locaux dans l’assiette des Calédoniens. Notre ambition est de travailler avec des producteurs locaux pour offrir des produits de qualité à des prix attractifs pour tous », précise David.
L’objectif est clair : remonter la chaîne de distribution et offrir une alternative locale, accessible et durable.

Emplacement du futur laboratoire de transformation alimentaire
Des produits locaux dans les cantines
La priorité est donnée à la restauration scolaire de Boulouparis, puis aux communes de l’agglomération et, à terme, à l’ensemble du territoire.
« Grâce à ce laboratoire, nous pourrons proposer des produits locaux, transformés ici, pour nos enfants et ceux des autres régions. Le circuit sera le plus court possible pour garantir une qualité optimale. » Une ambition partagée par la province Sud, partenaire décisif du projet comme l’assure David : « Le projet n’aurait pas pu voir le jour sans l’accompagnement de la province Sud, qui nous apporte un soutien technique et financier. Avant cela, nous n’osions pas nous lancer. Cette aide nous a rassuré. Sans ce partenariat, nous aurions probablement abandonné vue la situation actuelle », confie le couple.
La Province finance en effet 18 millions de francs pour l’achat d’une chaîne de transformation complète (lavage, découpe, etc.). Un soutien crucial pour cette petite entreprise qui, depuis plus de vingt ans, s’engage à créer et maintenir des emplois de proximité : « On tient à créer de l’emploi et de l’activité dans notre commune pour maintenir les gens dans la région. C’est une petite unité, ce n’est pas grand-chose, mais nous y tenons. »

Un choix courageux pour l’avenir
Pour Marie-Pierre et David, entreprendre revient toujours à prendre des risques :
« Si on ne crée pas, si on n’innove pas, on régresse et on meurt. Depuis 2001, il fallait évoluer. On ne pouvait plus se contenter de faire la même chose. Alors on prend le risque avec le soutien de la province Sud, et on verra. »
Animés par cette conviction, ils s’investissent pleinement pour contribuer à l’avenir alimentaire de la Nouvelle-Calédonie.
