
Laurent Caron Demanet a consacré sa vie à la coiffure. Depuis 1974, il exerce son métier avec passion aux côtés de son épouse, Elisabeth. Victime des exactions, le couple se relève meurtri par la destruction de leur salon Camille Albane à Boulari, mais ils restent résolument déterminés à reconstruire avec le soutien de la province Sud. Portrait.
Tout commence à Paris, où Laurent débute son parcours en tant qu’apprenti dans un salon du 15e arrondissement. Rapidement, il gravit les échelons, obtenant son brevet professionnel et reprend l’affaire de son patron. Il côtoie alors les grands noms de la haute coiffure française : Jacques Fournillon, Jean-Luc Minetti, Franck Provost et Jacques Dessange… leur influence lui apporte une vision précieuse du métier, alliant exigence et ouverture à la nouveauté.
En 2000, lassés par le rythme effréné de Paris et en quête d’un cadre de vie plus serein pour leur famille, Laurent et Elisabeth décident de s’installer en Nouvelle-Calédonie. Direction Nouméa, où ils y implantent leur première et prestigieuse enseigne, Dessange, à la Baie des Citrons. Puis en 2005, ils créent Camille Albane, une enseigne axée sur la convivialité et l’excellence en colorimétrie : « Nous souhaitions offrir à notre clientèle un moment unique, alliant convivialité et confort. En parallèle, nous tenions à ce que tous nos collaborateurs soient formés pour posséder une parfaite maitrise de la colorimétrie. »
Au fil des années et de cette expertise partagée, le couple fait grandir Camille Albane et ouvre à l’Anse Vata (2005), à Ducos (2008), au Centre-ville (2010), à Boulari (2019) et à Magenta Plage (2024). Toujours soucieux de faire évoluer leurs collaborateurs, Laurent et Elisabeth misent sur « la confiance, la transmission et le savoir délégué, des piliers forts de notre enseigne », souligne Laurent.
Le choc du 13 mai 2024
Alors que les émeutes frappent la Nouvelle-Calédonie d’une violence inouïe, Laurent et Élisabeth perdent leur salon à Boulari. « Le choc » se rappelle Laurent. « Depuis 25 années, le vivre-ensemble nous semblait être une évidence. Même si tout n’était pas parfait, les accords politiques d’après 84 avaient permis de retrouver un apaisement et une certaine quiétude. Nous étions loin d’imaginer qu’une haine profonde s’auto alimentait depuis des années. »
Stupéfaction, incompréhension, désolation… Comme de nombreux Calédoniens, Laurent et Elisabeth font face à l’insoutenable : « Nous nous sommes retrouvés à devoir protéger notre quartier, à voir impuissants, la destruction de notre salon et à aider des amis traumatisés, qui avaient perdu leur maison, totalement incendiée … ». Malgré l’épuisement physique et psychologique, ils refusent de baisser les bras : « Il ne fallait laisser personne sur le carreau. » assure Laurent.

« Les aides de la province Sud et le Fonds de solidarité ont été une bulle d’oxygène dans ce marasme. » Laurent Caron Demanet
Pour se relever, Laurent et Elisabeth ont pu compter sur le soutien de la province Sud à hauteur de 1 200 000 F : « cette aide a soulagé notre trésorerie mise à rude épreuve » souligne le couple. Malgré les incertitudes, Laurent et Elisabeth décident de poursuivre leurs projets et ouvrent, non sans appréhension, leur salon à Magenta courant août 2024 : « Ce projet avait été stoppé pendant les émeutes, nous laissant le temps de la réflexion…Mais avec les crédits et les commandes déjà lancées, difficile de faire machine arrière…Nous avons donc décidé d’ouvrir », explique Laurent.
Aujourd’hui, ils veillent à leurs salons avec vigilance et espèrent des décisions politiques fortes pour un retour à la stabilité, conscients que leur avenir en dépend.