Le site terrestre des lacs du Grand Sud fête ses 10 ans d’inscription à la convention Ramsar



Le 2 février 2014, le site des lacs du Grand Sud reçoit l’inscription à la convention Ramsar, un traité international qui prône la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides. Cette zone située en province Sud constitue un patrimoine naturel exceptionnel, « un joyau de la nature calédonienne qui mérite d’être connu plus largement par les Calédoniens et qui contient le plus grand réservoir d’eau douce de la Nouvelle-Calédonie », a souligné Philippe Blaise, le premier vice-président. Pour marquer ce dixième anniversaire, la Province organise à partir du 2 février jusqu’à fin avril, un programme de conférences et manifestations pour sensibiliser la population à cette zone qui revêt une importance vitale pour la survie de l’être humain.


Il y a tout juste 10 ans, les lacs du Grand Sud ont été inscrits à la convention Ramsar, en tant que zones humides d’importance internationale. En plus des lacs du Grand Sud, cette zone comprend des rivières, des marais, des dolines* et des systèmes karstiques qui jouent un rôle majeur dans la régulation du cycle de l’eau et de réservoir de biodiversité. C’est le plus grand réservoir d’eau douce de la Nouvelle-Calédonie. La zone Ramsar présente un fort taux d’endémisme végétale, jusqu’à 90 % pour les maquis et les forêts humides. Sur 44 000 hectares que représente ce site, 50 % sont couverts par le Parc Provincial de la Rivière Bleue. Cette convention relative aux zones humides d’importance internationale est le seul traité mondial portant sur un seul écosystème.

Ce site exceptionnel attire de nombreux chercheurs du monde entier. Hélène Charpentier, Chargée d’études – expertise et connaissance de la biodiversité à la province Sud explique ce fort intérêt : « C’est une zone extraordinaire au niveau de l’endémisme et du micro-endémisme pourtant elle est très mal connue parce que souvent, c’est de la biodiversité complètement discrète. On y trouve des micro escargots, une crevette micro-endémique. On retrouve notre fameux Galaxias, petit poisson micro-endémique de la plaine des lacs. Au niveau des végétaux, on a un taux d’endémisme très élevé en maquis minier, on a une fougère aquatique et une plante carnivore aquatique, on a l’emblématique Bois bouchon. Tout cela revêt un fort intérêt pour les scientifiques. »

Le site coche 7 critères sur 10 pour l’inscription à Ramsar

Pour obtenir le « label » Ramsar, le site doit répondre à trois critères d’identification des zones humides d’importance internationale sur neuf. Le site des lacs du Grand Sud répond à 7 de ces critères. Quels sont ces sept critères ? La spécialiste de la biodiversité Hélène Charpentier répond : « Le site représente un type de zone humide représentatif rare et unique. Il contient des espèces endémiques telles que le cagou. Il possède une biodiversité exceptionnelle de micro-endémisme. C’est une zone d’habitat refuge notamment pour la crevette et le poisson. Il contient des espèces de poissons représentatives comme le Galaxias. Il possède des frayères, c’est-à-dire des zones où se reproduisent les poissons. De plus, les populations micro-endémiques sont supérieures à 1 % de la population mondiale, on est bien au-delà du 1 % demandé par le critère Ramsar. »

Conférence de presse du 1er février sur le 10e anniversaire de l’inscription Ramsar du site des lacs du Grand Sud.

 

10 ans, ça se fête !

Au-delà de son importance environnementale, la zone est le cadre idéal pour des activités écotouristiques diverses telles que la randonnée, la baignade, l’observation d’oiseaux, le kayak et la pêche au Black Bass. Ce dixième anniversaire est l’occasion de mettre le projecteur sur cette zone et son importance vitale pour la survie de l’humanité et de sensibiliser la population.

Hélène Charpentier détaille : « Les zones humides sont des écosystèmes qui ont des fonctions essentielles. Ce sont des éponges qui permettent en cas de fortes pluies de résorber l’eau et de la rendre petit à petit. C’est aussi un filtre en raison des végétaux qui la constituent et qui permettent de purifier l’eau. Cela peut être un support à l’économie comme l’énergie hydroélectrique, un support aux activités comme l’écotourisme : le kayak, le VTT, les randonnées ou encore les baignades. Elles ont un rôle essentiel aussi pour lutter contre le réchauffement climatique parce que ce sont des pièges à carbone très importants. »

D’où la nécessité de faire connaître ce site souligne Bastian Morvan, directeur adjoint de la direction provinciale du Développement Durable des Territoires : « On voit finalement que cette zone Ramsar coche toutes les cases du développement durable et du développement économique, social et environnemental. Encore une fois, cela démontre vraiment la nécessité d’y faire attention et malheureusement ces enjeux sont assez peu connus de la population, c’est pourquoi, on a souhaité attirer ce coup de projecteur. » Ainsi, « des manifestations à destination du grand public, comme les conférences C’Nature dans l’auditorium de la province Sud, et à des professionnels, sont proposées à partir du 2 février jusqu’à la fin du mois d’avril. »

➡️ Plus d’info sur le programme pour les 10 ans d’inscription à la convention Ramsar ICI

Parmi les animations proposées, l’événement phare est la journée festive du 27 avril au Parc Provincial de la Rivière Bleue : entrée gratuite, navette, jeu de piste, activités sportives et environnementales, village à l’entrée, nourriture, concerts, présence de prestataires d’activités avec des tarifs préférentiels, exposition photo Ramsar, concours de pêche au Black Bass, etc.

 Qu’en est-il dix ans plus tard ? 
« Le site des lacs du Grand Sud se porte plutôt bien du fait qu’il y a peu de pression humaine, la zone n’est pas habitée. Il y a néanmoins des ombres au tableau, notamment le poisson Galaxias qui est en train de disparaître à cause des Black Bass, en raison des fortes pluies l’année dernière ont eu pour conséquence d’augmenter le niveau de l’eau… Il y a aussi la pression des feux non-maîtrisés qui ravage la végétation et érode les sols. Conséquence : on observe une pollution des cours d’eau par les particules de terres qui ruissellent. Puis, le réchauffement climatique est une menace qui pèse sur toute la biodiversité. » Hélène Charpentier

Philippe Blaise : « Par cet anniversaire, l’exécutif veut marquer son intérêt pour cette inscription car cette zone représente un enjeu pour les populations et le développement économique avec notamment la sylviculture qui a toute sa place dans ce contexte. La Province s’est engagée vis-à-vis de l’instance Ramsar pour protéger ce patrimoine naturel et développer de façon durable cette zone et ses ressources. Il y a aussi un aspect de mobilisation des partenaires à travers la communication, l’éducation, la sensibilisation et la participation du public. »

 

*Doline : petite dépression circulaire formée par affaissement ou effondrement suite à l’érosion des calcaires en contexte karstique.

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