Économie maritime, le point sur deux projets majeurs



La Nouvelle-Calédonie bénéficie de 1,5 millions de km² de surface maritime en ZEE (zone économique exclusive). L’économie bleue représente donc un enjeu majeur pour le territoire. Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs du secteur maritime, dont la province Sud, se donnent les moyens de se positionner en acteur majeur régional, à travers deux grands projets : le Pôle Maritime, ensemble d’infrastructures et d’expertises au service de cette économie, et l’organisation des 1res Assises de l’économie maritime indopacifique, en octobre prochain.


Un an presque jour pour jour après le lancement du Pôle Maritime, où en sommes-nous ? C’était l’objet de la conférence de presse qui s’est tenue ce matin à la Station N, animée par Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de l’économie maritime, aux côtés des partenaires, dont la province Sud, représentée par Françoise Suve, élue provinciale et rapporteure de la commission Environnement.

Les partenaires du projet de Pôle Maritime : la French Tech, le Port Autonome, la province Sud, le Gouvernement, le Cluster maritime, la ville de Nouméa, la Secal et l’État.

Le pôle maritime, pour répondre aux enjeux de l’économie bleue

Lancé il y a un an, à l’initiative du gouvernement et de l’ensemble des acteurs du secteur, le Pôle Maritime est un projet-pilote qui vise à développer et structurer durablement l’économie maritime calédonienne. Financé dans le cadre du contrat de développement entre l’État et la Nouvelle-Calédonie (400 millions de francs), ce projet d’infrastructures maritimes a pour ambitions de dynamiser ce secteur, d’accroître les possibilités locales de formation et d’emploi, d’attirer les investissements et de développer l’innovation. D’abord centré sur Numbo, il s’est étendu à d’autres sites, pour déployer au final trois pôles d’activité : À Numbo, le pôle Chantier naval, dans la grande rade de Nouville, le pôle Formation et numérique et dans la petite rade, le pôle Maritime et tourisme.
L’état des lieux détaillé de l’avancement du projet a permis ce matin de revenir sur :
– les travaux conséquents de dépollution terrestre et sous-marine menés à Numbo (24 véhicules, 22 épaves, plus de 500 tonnes de déchets…). Ces interventions ont mobilisé 22 entreprises locales et permis de pérenniser un emploi d’insertion. La suite des aménagements pourra bientôt être amorcée.

La cale de halage

– Le second grand chantier du Pôle maritime à se mettre en place : la rénovation et la modernisation de la cale de halage, pour accueillir à terme une infrastructure de chantier naval qui permette d’effectuer la réparation, la maintenance et le démantèlement de la plupart des navires du territoire (y compris les patrouilleurs maritimes d’ancienne génération P400).
L’ensemble des travaux devrait être terminé d’ici fin 2024. D’autres projets sont déjà à l’étude, notamment sur le potentiel de la Nouvelle-Calédonie en termes d’accueil de bateaux scientifiques ou de plaisance et de grande plaisance.

La province Sud travaille à la filière de traitement des navires hors d’usage

Si elle se félicite « de voir l’économie bleue désormais inscrite à l’ordre du jour des réflexions et le formidable travail en réseau des bons acteurs », Françoise Suve ne minimise pas l’ampleur de la tâche. La Province est membre du comité de pilotage du Pôle Maritime ; elle soutient et intervient dans ce grand projet d’aménagements, au double titre de la protection de l’environnement et du développement économique.

Les partenaires ont rappelé l’exigence forte portée par la Province, concernant la gestion des déchets et la prévention des risques de pollution sur ces opérations.

Sur le pôle Chantier naval à Numbo, la collectivité va effectuer la réfection de la rampe publique de mise à l’eau et de la zone de manœuvre. Mais plus largement, la province Sud travaille aussi à la mise en place d’une filière de traitement des navires hors d’usage (NHU), jusque-là trop souvent abandonnés au fond de l’eau, sur les îlots ou au-delà des récifs. Pour l’élue, c’est inacceptable « Avec 27 000 bateaux en Nouvelle-Calédonie, dont 7 000 en fin de vie dans les prochaines années, une vraie filière de gestion des déchets doit être mise en place », avec à la clé la structuration d’entreprises, la consolidation d’activités et la création d’emplois. L’opération-pilote de démantèlement de 16 épaves a d’ailleurs permis de démontrer les compétences et la capacité, sur le territoire, de valoriser au moins 80 % de ces déchets. « Nous ne sommes pas loin d’aboutir à une réglementation, confie Françoise Suve. Sachant qu’il nous faut l’aide d’autres acteurs, car plusieurs réglementations s’enchevêtrent. »

La filière de traitement des navires hors d’usage – professionnels et de plaisance – portée par la province Sud et son élue Françoise Suve, permettra d’améliorer la sécurité et l’écologie maritimes. Elle permettra également de développer une économie circulaire, génératrice d’activité et d’emploi.

Les assises de l’économie maritime, à l’heure de l’axe indopacifique

Apportant une nouvelle dimension aux Journées de la mer, les assises de l’économie maritime s’élargissent cette année à la région Indopacifique. Réunissant les institutions, les professionnels et les acteurs du secteur de la mer, l’événement est organisé par le Cluster maritime et le gouvernement, et se tiendra du 25 au 27 octobre prochain. « Ces premières assises de l’économie maritime indopacifique permettront de mettre en lumière le savoir-faire calédonien dans le domaine, la place centrale que le territoire peut occuper dans la région indopacifique, et d’asseoir la coopération et les synergies avec les territoires du Pacifique et de l’océan Indien », développe Christopher Gygès. « Nous avons tout à y gagner, en termes d’économie maritime, ajoute Françoise Suve. La Province a bien conscience du développement économique potentiel, de l’impulsion que cela peut générer dans le secteur, nous poussant à consolider nos compétences existantes et déployer plus encore nos infrastructures. Et pourquoi pas devenir un hub régional ? Notamment en ce qui concerne le traitement des navires hors d’usage : si la filière est bien structurée et portée, on peut devenir un point d’ancrage régional. Il y a une carte à jouer. »
Le programme de ces assises est dense : trois jours d’ateliers, tables rondes, conférences, avec des intervenants venus d’Australie, Nouvelle-Zélande, Polynésie Française, Métropole, Mayotte ou la Réunion et qui aborderont les différents enjeux maritimes : la diversification économique, le rôle stratégique des ports, les opportunités de développement, les filières d’avenir, l’éducation à la mer, la connaissance des fonds marins, la préservation, la transition écologique, l’innovation, la gouvernance…. « À la fin de la session nous comptons signer un document d’engagement, construit sur la base des restitutions des différents ateliers, afin de définir nos actions communes », conclut le directeur du cluster maritime Philippe Darrason. Car que ce soit pour le Pôle Maritime ou pour les assises, les partenaires l’assurent : ce n’est pas un one-shot, ce sont des engagements et projets qui s’inscrivent sur le long terme.

Scroll to top
0:00
0:00