Alcool & grossesse, le cocktail dangereux



Ce samedi 9 septembre, se tient la journée mondiale de sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). À cette occasion, Le Dr Siméon, pédiatre en protection maternelle et infantile pour la province Sud, nous explique ce syndrome méconnu et l’ensemble des troubles directement liés à l’exposition du fœtus à l’alcool pendant la grossesse. « Parce que connaître les risques, permet d’éviter la banalisation d’un verre d’alcool occasionnel ».


« La consommation d’alcool pendant la grossesse, occasionnelle ou non, est parfois banalisée à cause d’une méconnaissance des conséquences sur le fœtus », explique le docteur Sophia Siméon, pédiatre depuis 3 ans en protection maternelle et infantile (PMI), au sein du centre médico-social de Montravel.
Pourtant les risques sont avérés.

Différents troubles liés à l’alcoolisation fœtale

Le plus connu s’appelle le SAF, syndrome d’alcoolisation fœtale. Il est bien défini et connu par monde médical : il concerne le plus souvent une alcoolisation avérée et importante pendant la grossesse et se caractérise dès la naissance par un retard de croissance et/ou des malformations physiques plus ou moins affirmées. Un retard de développement psychomoteur apparait ensuite, dans les premières années de l’enfant. « Sans forcément atteindre la forme du SAF, qui est la forme la plus grave, il existe tout un continuum de symptômes moins connus, également liés à l’ingestion d’alcool pendant la grossesse », nuance la spécialiste. L’alcool peut ainsi engendrer des troubles très divers : déficience mentale, retard de développement, troubles du comportement, troubles dys-, retards de croissance… « Bien sûr ces troubles peuvent trouver leur origine dans une cause toute autre que l’alcoolisation fœtale, et c’est ce qui rend le diagnostic si difficile ».


Les chiffres

  • En Nouvelle-Calédonie, 7,5 % des femmes ayant été enceintes déclarent avoir consommé de l’alcool au cours de leur grossesse. (Baromètre santé adulte 2021-2022, ASSNC)
  • L’alcool est la 1re cause de handicap mental à la naissance, hors origine génétique.
  • En France, la Haute Autorité de Santé estime qu’à la naissance, 1 enfant sur 1000 naît avec un diagnostic de SAF et 9 enfants sur 1000 présentent des troubles causés par l’alcoolisation fœtale.

Un diagnostic difficile

Pour le SAF comme pour les autres troubles liés à l’alcoolisation fœtale, le diagnostic reste compliqué car il n’y a pas d’examen dédié. Il s’agit plutôt d’une ensemble d’arguments ou d’un diagnostic par élimination des autres facteurs. « Par exemple, pour un retard de développement, on peut aussi soupçonner une forte exposition aux écrans. Sans compter que plusieurs facteurs peuvent être intriqués. Il y a souvent des doutes… » De plus, questionner la consommation d’alcool de la mère a posteriori n’est pas chose facile, pourtant cela permet aux professionnels d’identifier l’origine du trouble et de connaître ainsi les leviers de progrès pour mieux accompagner l’enfant.

Que faire alors ?

L’enfant chez qui on décèle ce genre de difficultés, doit faire dans la mesure du possible l’objet d’un suivi rapproché, auprès d’un pédiatre. La prise en charge dont il bénéficie mobilise plusieurs acteurs de la santé, notamment, bien souvent, l’équipe du DAMSP (dispositif d’action médico-sociale précoce) installée au Médipole et qui suit les enfants de 0 à 6 ans. Cet accompagnement individualisé et pluridisciplinaire (neuro-pédiatre, psychomotricien, orthophoniste, éducateur, assistant social…) lui apportera des outils et un soutien précieux pour son développement.

Quant aux futures mamans, puisque c’est là que tout se joue, il est recommandé d’opter pour une bonne hygiène de vie, et, bien sûr, pour le « zéro alcool »[1] : « On ne sait pas encore quantifier la quantité d’alcool transmise de la mère au fœtus via le placenta. Or cela peut affecter son développement (fausse couche ou malformation des organes en début de grossesse, impact sur le développement du cerveau les derniers mois…). Partant de ce principe-là, aucune consommation d’alcool n’est sans risque, quels que soient la quantité ou le stade de la grossesse. ».

[1] Pour celles qui rencontreraient des difficultés à arrêter l’alcool mais aussi le tabac ou le cannabis, autres facteurs de risque pour la santé du bébé, il est conseillé d’en parler à son médecin ou sage-femme, afin de pouvoir être accompagnée.


« Pendant la grossesse, tout ce que l’on consomme peut atteindre le bébé. »




La PMI, protection maternelle et infantile
, se situe au Centre de Santé de la Famille de Montravel, à côté de l’unité de médecine générale (CMS) et de la santé scolaire.
Ce service provincial propose, grâce à son équipe pluridisciplinaire (médecin généraliste, pédiatre, sage-femme, puéricultrices, psychologue, diététicienne, orthophonistes, juriste), un accompagnement complet de la mère et de l’enfant : surveillance régulière de la grossesse et de la période postnatale, suivi gynécologique, suivi de l’enfant jusqu’à ses 6 ans et suivi de l’enfant en situation de handicap…
Le service est accessible sur rendez-vous, sans critère de couverture sociale et les publics vulnérables y sont accueillis en priorité. En savoir plus

 

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