Observation des baleines : coup d’envoi pour la saison !



Avec l’arrivée des premières baleines à bosse, se déroule chaque année une formation par la province Sud des opérateurs de « whale watching », dans l’optique d’allier activité économique et préservation de cette population menacée. Cette matinée d’échange et d’information permet aux acteurs (skippers professionnels, gardes-nature, gendarmerie, scientifiques, vigie du Cap N’Dua) de se retrouver pour coordonner leurs actions et aux gardes-nature provinciaux de repréciser les règles d’approche des cétacés. Des règles inscrites par la province Sud au Code de l’Environnement et qui, rappelons-le, s’appliquent également aux plaisanciers.


Observer sans déranger. Depuis une quinzaine d’années, la province Sud s’est engagée dans l’encadrement des « sorties baleines » afin de permettre aux bateaux professionnels et plaisanciers d’observer les cétacés sans mettre en péril cette population déjà menacée. Venue saluer les participants à la matinée de formation aux règles d’observation, Christiane Saridjan-Verger, élue provinciale et membre de la commission Environnement, a tenu à souligner l’importance de cet encadrement des pratiques « à faire respecter, pour que les baleines continuent à venir dans nos eaux et pour sauvegarder notre belle nature. »

Une population de baleines qui doit se reconstituer

« Énormément chassée au 20e siècle, la population de baleines d’Océanie est classée « en danger » par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Composée de quelques centaines d’individus, notre population se reconstitue très lentement », expliquait en introduction Claire Garrigue, Chargée de recherche pour l’IRD en écologie et conservation des mammifères marins. Le suivi scientifique en Nouvelle-Calédonie a permis de faire ressortir l’importance majeure du lagon calédonien comme lieu de reproduction et de repos de l’espèce avant son départ en migration vers le Pôle Sud. Dans nos eaux, les baleines et leur petit acquièrent ainsi les forces nécessaires pour parcourir ces 18 000 km. Malheureusement, les nuisances liées à une observation non encadrée peuvent les perturber et les fragiliser, notamment les baleineaux. C’est ce qui a poussé la province Sud à mettre en place un cadre réglementaire à cette activité.

Une activité qui s’est stabilisée

Lancée en 1995, l’activité de whale watching s’est rapidement développée. « Les conditions sont favorables : l’observation se déroule au cœur du lagon classé au patrimoine mondial de l’Unesco, avec la chance d’avoir un point d’observation au Cap N’Dua qui offre une belle visibilité. Cependant, en 2005, une première étude a été lancée pour mesurer les effets de l’observation, et la pression que cela peut engendrer sur les cétacés. Conclusion : les baleines présentaient effectivement des déplacements erratiques et des temps de plongés plus longs. C’est clairement un signe d’évitement de prédateur », décrit la scientifique. Devant ce constat, la Province a mis en place une charte d’observation en 2008. Puis, avec le développement de l’activité, du trafic côtier et des dérangements des mamans avec petit, la province Sud a décidé d’intégrer les règles de la charte à son Code de l’Environnement en 2019. Autour de cette dynamique provinciale, un réseau de partenaires s’est constitué, une surveillance par les gardes-nature provinciaux et des formations pour les opérateurs ont été mises en place, les scientifiques ont été intégrés au dispositif et une belle collaboration s’est créée autour de l’effort de vigie à l’observatoire du Cap N’Dua (qui coordonne les acteurs sur le terrain et assure le suivi des baleines). L’activité de whale watching est ainsi désormais à la fois encadrée et stabilisée, avec une vingtaine de bateaux sensibilisés chaque année aux conduites à adopter.

Des règles d’approche valables pour tous

En contact avec la vigie installée pendant la saison au phare du Cap N’Dua, les professionnels et les plaisanciers qui souhaitent observer les baleines doivent suivre un certain nombre de règles. Celles-ci ont été mises en place pour permettre aux bateaux de profiter de ce magnifique spectacle sans perturber les baleines.

Les bateaux doivent signaler leur arrivée à 1000 m du cétacé, avant d’entrer en zone d’approche (300 à 500 m de distance). Plus près (100 à 300 m), ils sont en zone d’observation. On peut y rester 1h maximum par bateau (4 bateaux d’un seul  côté du groupe) sachant qu’un groupe de baleines ne peut être observé que 3h maximum par jour. Il faut se déplacer lentement, ne pas poursuivre, bloquer ou traverser le groupe de cétacés et il est interdit de s’approcher et d’observer lorsqu’il s’agit d’une maman et de son petit. Retrouvez l’ensemble des règles sur https://www.province-sud.nc/baleines

 « L’idée c’est de tendre vers un service et une approche de qualité, sans précipitation et en communiquant entre nous » notait un participant, en conclusion. Dans cette démarche collaborative, « la Province continuera à vous accompagner et vous soutenir, en termes de communication ou de moyens humains. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions, des besoins. On sera là pour vous aider », ont tenu à rappeler, à l’unisson, Christiane Saridjan-Verger et l’équipe des gardes-nature provinciaux.


« La Nouvelle-Calédonie est bien placée en matière de whale watching et travaille efficacement grâce aux opérateurs mais aussi à la présence des agents provinciaux sur le terrain, pour le maintien d’une activité responsable » Claire Garrigue, chercheuse à l’IRD, spécialiste des cétacés


 

Scroll to top
0:00
0:00