Le sport pour toutes et tous : quelles règles du jeu ?



Comment offrir dans le sport une place à chacun ? Comment ouvrir de nouveaux horizons par la représentation et la visibilité que l’on donne aux femmes dans le sport ? Comment assurer une pratique sportive sans violences ni discriminations ? Autant de questions soulevées hier par les acteurs du monde sportif calédonien, à la conférence organisée sur le sujet par le centre provincial d’information – droits des femmes et égalité (CIDFE).


« Pierre de Coubertin, inventeur des J.O. modernes, voulait cantonner les femmes au couronnement des vainqueurs », nous rappelle Maud Le Bar, intervenante genre et égalité, en introduction. La situation a heureusement progressé depuis. Mais si l’on reconnait volontiers au sport ses vertus d’épanouissement, d’émancipation, de cohésion sociale, de bien-être et de santé, il reste encore porteur d’inégalités.

Stéréotypes et quotidien prenant, freins à la pratique

Outre les différences en termes de salaire, de disciplines pratiquées, de tenues, de représentation dans les instances et de médiatisation, on compte seulement 37,5 % de femmes parmi les sportifs licenciés. En cause ? des freins culturels et des difficultés spécifiques.

Face à cela, des leviers, aussi bien en termes d’organisation, d’aménagements que de pratiques, ont été identifiés pour favoriser l’égalité. Notamment l’accès au sport pour les jeunes filles et les femmes, qui pourrait être facilité par une pratique à proximité du travail ou du foyer, une aide financière, la garde des enfants, une offre multisport, des séances plus courtes et conviviales…

Une évolution positive des comportements se dessine

Au micro, différents acteurs du monde du sport calédonien ont pu témoigner sur la façon dont ils se sont saisi de ces pistes d’amélioration afin de rendre le sport plus inclusif.

– Côté institutions et politiques publiques, la province Sud a notamment lancé Clic & Mouv’, un nouveau dispositif qui permet à tous les jeunes de découvrir gratuitement des activités à proximité de chez eux, pendant leur temps libre. Les adolescentes de 11-15 ans s’en sont rapidement emparées puisque les premiers chiffres révèlent davantage d’utilisatrices que d’utilisateurs !

– Le Comité territorial olympique et sportif, pour sa part, a mis en place le programme « les ailes du sport » qui vise à généraliser la présence de femmes à la tête de fédérations (seulement 15% actuellement).  Autre engagement fort du CTOS : prévenir les violences sexuelles dans le sport. Sa cellule dédiée sensibilise les acteurs et accompagne les victimes. Une mission délicate mais nécessaire pour « briser l’omerta, apprendre à repérer les situations à risque, savoir écouter et réagir ».

– Sur le terrain, Brien Dassule, éducateur sportif (GESLS), anime au Mont-Dore « Belle & bien dans ses baskets », un programme qui propose aux femmes vulnérables ou victimes de violences de retrouver confiance et pouvoir d’action, via une activité sportive. Ses sessions de proximité, ouverte à toutes, bienveillantes et sans compétition sont devenues incontournables pour les participantes !

– Le club de Va’a du PC Dumbéa a quant à lui mis en œuvre des aménagements concrets, pour faciliter et adapter la pratique du va’a aux publics jeune et féminin et proposer un espace plus sécurisant : vestiaire distinct, aménagement des douches, système de boites aux lettres anonymes, aide mécanique pour déplacer les pirogues… « des astuces peu coûteuses mais qui peuvent favoriser la pratique féminine »

– L’athlète Aurélie Konhu a terminé en livrant un témoignage poignant. Notant « la différence entre notre vision de notre place dans le sport et celle que la société nous laisse », elle a cependant raconté comme la pratique du volley-ball, dans un environnement bienveillant, a été salvatrice pour elle. Elle a partagé les compétences, valeurs et expériences que cela lui a apporté tout en insistant sur la nécessité d’éduquer et d’accompagner les enfants dans leur parcours personnel et sportif.

Autant d’initiatives et de témoignages qui ont valeur d’exemple et qui participeront à donner leur pleine place aux femmes dans l’écosystème sportif local.


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