La prévention de la délinquance, une priorité majeure pour une Province où l’on se sent en sécurité

La prévention de la délinquance, une priorité majeure pour une Province où l’on se sent en sécurité

Le sujet de la délinquance a bien alimenté les débats ce matin, lors de la première assemblée de Province de l’année. Il faut dire que l’insécurité est au cœur des préoccupations des habitants comme des élus provinciaux. Sur la base des chiffres et des dispositifs engagés et à venir, les échanges ont notamment souligné les fléaux que représentent l’oisiveté mais aussi l’alcool, « un problème de fond insupportable », pour Sonia Backès, la présidente.
Au terme de la discussion, l’assemblée a adopté un texte qui prolonge et ajuste pour 2023 le PPPD, programme d’actions contre la délinquance, les violences et pour la tranquillité publique.


Dans la continuité du Conseil provincial de prévention de la délinquance, qui s’est tenu vendredi dernier, l’exécutif de la province Sud, sur la suggestion de l’État d’harmoniser en 2024 les stratégies des différents territoires, propose de prolonger le plan provincial de prévention de la délinquance 2019-2022 d’une année, en ajustant cependant son plan d’action.

Des concrétisations encourageantes

« Du bilan des quatre dernières années et des actions en cours, il ressort un certain nombre d’évolutions, mais également la volonté, qui se traduit en actes, de tous les acteurs de travailler ensemble. » En introduction du sujet, Sonia Backès a rappelé les actions mises en place collectivement depuis 2019, autour de 3 grandes priorités : l’action auprès des jeunes exposés à la délinquance, l’aide aux victimes et la prévention des violences faites aux femmes ainsi que l’amélioration de la tranquillité publique.

Parmi les dispositifs phares engagés ou soutenus par la province Sud ces quatre dernières années sur ces trois thématiques, on notera par exemple :

  • le dispositif de recensement des mineurs en errance nocturne et les Modules de Rappel à la Responsabilité Parentale (MRRP),
  • l’ouverture d’un centre d’hébergement d’urgence et la création de 5 appartements relais pour les victimes de violences conjugales et intrafamiliales ainsi que les stages pour responsabiliser les auteurs de ces violences,
  •  la vente d’alcool en espace dédié auprès de professionnels formés, le soutien financier aux actions en faveur de la sécurité des communes et la sécurisation des commerces, des locaux des professions libérales et des collèges.

Derrière la persistance des actes de délinquance, des problématiques de fond

Face à ces actions concrètes, les chiffres communiqués par les forces de l’ordre annoncent une baisse sensible des atteintes aux biens (-12,37 %) entre 2019 et 2022 « dont il ne faut pas pour autant se satisfaire, précise Sonia Backès, car les chiffres restent extrêmement élevés » ainsi qu’une hausse notable des atteintes aux personnes (+27,96 %), qui « traduit une libération de la parole autour des violences faites aux femmes, qui restent cependant 8 fois supérieures à la moyenne nationale ». Les statistiques rappellent également que l’implication des mineurs demeure importante, notamment dans les cambriolages, et la place de l’alcool déterminante dans l’ensemble des faits de délinquance.

Pour la présidente de l’assemblée, « Nous ne pouvons pas nous satisfaire des améliorations, quand les chiffres sont 5 à 8 fois plus élevés qu’ailleurs ».

Au cœur de ces constats, plusieurs points de vigilance ressortent : le vol de voiture « pour lequel, en collaboration avec l’Etat, nous travaillons à mettre en place le dispositif de lecture automatisée des plaques d’immatriculation, afin de suivre et retrouver le plus rapidement possible les voitures volées » annonce la présidente. Le sentiment d’insécurité, aussi, « qui concerne 1 habitant sur 4 en province Sud, majoritairement des femmes et des personnes âgées, qui vont même jusqu’à ne plus sortir de chez elles », s’indigne Naïa Wateou. Mais surtout l’alcool, désigné dans un consensus général comme un véritable fléau. « « Nous devons trouver des solutions de fond », assure Sonia Backès, avant d’ajouter « et je prêche pour que la Nouvelle-Calédonie devienne un territoire d’expérimentation nationale d’actions qui ne sont pas aujourd’hui permises, car la situation de la Nouvelle-Calédonie en matière d’alcool est dramatique. »

Une situation locale qui demande des solutions spécifiques et collectives

« Nous devons tous nous emparer de cette problématique majeure et sortir de ce que nous avons l’habitude de faire, poursuit Sonia Backès. Nous avons en Nouvelle-Calédonie une problématique particulière à laquelle nous devons apporter des réponses particulières. » Concrètement, il s’agit d’adapter le plan d’action aux particularités calédoniennes, en emmenant par exemple la lutte contre l’alcoolisation jusque dans les familles ou le cercle sportif, lieux de consommation importante, ou de proposer une campagne médiatique « trash » qui repose sur les témoignages choc de Calédoniens.
Adapter les messages de prévention et les solutions proposées aux spécificités des habitants, c’est également ce que va permettre l’étude Bien dans mes claquettes : mieux cerner la jeunesse calédonienne, pour perfectionner la communication et les actions face à sa consommation d’alcool, de drogue ou son oisiveté. « Le fait de proposer des activités sportives et culturelles aux jeunes, par exemple, est corrélé avec une baisse des actes de délinquance », relate Gil Brial, 2e vice-président, et c’est ce que prévoit notamment le futur dispositif Clic&Mouv.

Bien sûr, ces actions et dispositifs doivent être portés en synergie par tous les acteurs et s’appuyer sur le réseau d’interlocuteurs qui maillent le territoire, comme les organismes de logements sociaux, qui proposent désormais une plateforme téléphonique pour signaler l’insécurité au sein des résidences ou bien les associations de quartiers, qui peuvent porter, notamment via le budget participatif de la province Sud, des initiatives de cohésion sociale et de lutte contre la délinquance, « à travers le sport par exemple, qui permet d’apporter des codes de bonne conduite et de canaliser les jeunes, comme cela va être le cas à Dumbéa-sur-mer, avec l’aménagement d’une salle multisport par la SEM Agglo l’État, la province Sud et des sponsors privés » rappelle Muriel Malfar-Pauga.

L’élan et l’engagement fort de la Province dans la prévention de la délinquance ont été unanimement soulignés par l’assemblée tout au long de la discussion. L’avenant au plan provincial de prévention de la délinquance a finalement été adopté, afin de poursuivre une année encore cette dynamique, qui vise à faire changer la peur de camp.


En chiffres

  • 34 parents ont été orientés vers les modules de responsabilisation parentale
  • 111 personnes en TIG sont intervenues dans les services et parcs provinciaux en 2022.
  • 16 familles ont été hébergées en appartements relais
  • 18 femmes et leurs 19 enfants ont pu être accueillis au centre d’hébergement d’urgence
  • 551 auteurs de violences conjugales et intrafamiliales ont été orientés en stage de responsabilisation depuis 2021.
  • 820 personnes ont été formées à la vente d’alcool et 14 millions XPF d’aide à l’aménagement des commerces ont été octroyés pour proposer un espace dédié
  • 167 caméras de vidéo-protection ont été financées dans les communes
  • 1 milliard XPF ont été apportés pour soutenir les polices municipales
  • 142 commerces et de locaux des professions libérales ont été sécurisés (pour 56,4 millions XPF)
  • 312,5 millions XPF ont été consacrés à la sécurisation des collèges

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