Une matinée d’échanges sur la création d’une filière réparation



Le premier « Atelier de la transition économique et écologique » de l’année organisé par la province Sud s’est déroulé jeudi 28 avril, en présence de Françoise Suve, élue provinciale rapporteur de la commission environnement, et de Christiane Saridjan-Verger, élue membre de cette même commission. L’objectif de ce rendez-vous consiste à partager les connaissances, valoriser les initiatives locales et susciter des projets. Au programme de cette matinée : un état des lieux suivi d’échanges et réflexions sur les opportunités et leviers de développement de filières de réparation sur le territoire.


« En matière de gestion des déchets, il faut absolument avancer et développer les différentes filières de valorisation des déchets et l’économie circulaire qui y est liée. Ce matin, nous nous penchons ensemble sur la réparabilité et la structuration de la filière de réparation pour pouvoir être opérationnels quand il faudra légiférer et passer à l’action. » Avec ces quelques mots d’introduction, Françoise Suve a rappelé le contexte général de la démarche et les enjeux écologiques et économiques associés. Le bureau de la gestion des déchets de la Province a ensuite présenté les objectifs liés à la réparation et au développement de l’économie circulaire, inscrits au cœur du Schéma provincial de prévention et de gestion des déchets, ainsi que les modifications apportées en ce sens au code de l’environnement provincial.

« La surconsommation actuelle en Nouvelle-Calédonie ne peut plus perdurer : nous ne pouvons plus nous permettre d’utiliser des objets jetables, à usage unique ou de courte durée, il est absolument nécessaire de privilégier les produits durables et réparables », a expliqué Françoise Suve.

2 Calédoniens sur 5 optent pour la réparation

Une fois la politique provinciale et le cadre réglementaire rappelés, deux questions se posent quand on envisage une mise en place opérationnelle : « Est-ce que le secteur de la réparation est en capacité d’assurer cette filière ? Et quelle est la réparabilité de nos objets ? » Des études et travaux menés en amont de l’atelier, conjointement avec les chambres de l’artisanat (CMA) et de l’industrie et du commerce (CCI), permettent de répondre à ces interrogations, en définissant des leviers, faiblesses et opportunités propres au territoire. La CMA indique par exemple que 8 % des entreprises sont dédiées à la réparation, dont 86 % situées en province Sud, et se concentrent sur la réparation des machines et équipements, des ordinateurs et biens, des vêtements et accessoires et des bijoux. Tandis qu’en face, 42 % des consommateurs calédoniens affirment privilégier la réparation, particulièrement pour le gros électroménager, la téléphonie et l’informatique.

Des initiatives inspirantes

S’en est suivi un tour d’horizon d’initiatives intéressantes, au cours duquel la CMA a présenté le réseau français Répar’acteur, qui recense les réparateurs, dont certains bénéficient du label du même nom, attestant d’un engagement du professionnel à favoriser et promouvoir la réparation. Autre nouveauté intéressante et pas des moindres : la récente loi Anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) appliquée en métropole. Elle propose d’allonger la durée de vie des produits avec la mise en place notamment d’un indice de réparabilité (puis de durabilité), de différentes actions autour des pièces détachées et de l’information au consommateur et de la mise en place d’un fonds de réparation. Ce fonds repose sur la responsabilité élargie du producteur (REP), qui va financer, via un système d’éco-contribution versée à un éco-organisme, la future valorisation de l’objet-déchet qu’il produit. « Ces idées sont très intéressantes mais complexes à mettre en œuvre. À l’échelle de notre territoire, nous pouvons nous en inspirer et envisager la mise en œuvre de versions simplifiées », rassure Catherine Guillaume, animatrice de l’atelier. D’ailleurs, en Nouvelle-Calédonie, l’indice de réparabilité est en cours de co-construction par les différents acteurs. La CCI, aux commandes, a expliqué privilégier l’application d’une mention « réparable localement » (plutôt qu’une notation comme c’est le cas en métropole), si l’objet répond à quatre critères que sont la disponibilité de la documentation pendant 5 ans, la disponibilité des pièces en local pendant 5 ans, les compétences en réparation sur le territoire, ainsi que des critères climatiques.

Deux thématiques de réflexion

Qualité et durabilité du produit initial, écoconception, import, garanties et SAV, accès aux pièces détachées, compétences et formation, économie sociale et solidaire… Nombreux ont été les thèmes évoqués et discutés ce matin-là.  La quarantaine de participants, composée d’acteurs privés et publics, a terminé par des ateliers de réflexion autour de deux axes : « Fonds réparation : financement, usages et gouvernance » et « Comment booster le secteur de la réparation ? ». Le premier atelier a permis de définir les contours d’un fonds de réparation idéal, de sa gestion et de son fonctionnement, basé sur l’éco-participation appliquée à trois catégories-clés d’objets. Le second a permis de lister des leviers d’action, notamment la formation des professionnels, l’accessibilité de la réparation et l’information, la sensibilisation et l’incitation du grand public, ainsi que les acteurs mobilisables localement. Des contributions précieuses pour faire avancer les choses, avec à la clé des pistes d’actions dont la province Sud pourra se saisir, afin d’avancer sur la voie de la création d’une véritable filière réparation.

Appel à projets

L’Ademe et la province Sud viennent de lancer un appel à projets 2022 portant sur l’économie circulaire, dont un volet concerne la seconde vie des objets.

plus d’infos : https://www.province-sud.nc/demarches/appel-a-projets-:-economie-circulaire

Les ateliers de la transition économique et écologique : https://www.province-sud.nc/element-thematique/ateliers

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