Touch Rugby social club favorise l’égalité filles-garçons



Permettre aux jeunes filles des quartiers prioritaires d’avoir les mêmes rêves que ceux des garçons et leur donner la possibilité d’y accéder, c’est le défi qu’Yvan Hillaireau s’est lancé il y a 15 ans. Sous le label de Touch rugby social Club, lui et ses jeunes protégées ont obtenu un soutien de la province Sud dans le cadre de l’appel à projet « égalité » lancé par la Mission à la condition féminine. 


Ivan Hillaireau est l’éducateur sportif, le coach qu’on aurait tous voulu avoir ! Sur le terrain, il fulmine, peste gronde copieusement, mais personne ne semble prendre la mouche. Dans sa voix, on décèle de la bienveillance, de l’encouragement mêlé également d’impatience, mais lui dira que c’est « de l’exigence ». Car ce qu’Ivan veut au fond, c’est emmener « ses filles » le plus loin possible.

Cela fait 15 ans qu’il s’implique en tant qu’éducateur sportif dans le rugby social. Ses recrues viennent des quartiers prioritaires de Nouméa et du Grand Nouméa : Tindu, Pierre Lenquette, La Coulée, Apogotti, mais aussi des squats. Cette année, il entraîne une trentaine de jeunes filles de 7 à 16 ans, au touch rugby. Une discipline originaire d’Australie dérivée du rugby à 13. Le but étant de marquer des essais en faisant des passes en arrière, mais sans placage, si ce n’est le « toucher » ou « touch » en anglais.

Quatre fois par semaine, à bord de son minibus, Ivan fait sa tournée : il récupère les filles chez elles et les emmène à l’entraînement puis les ramène. « La plupart des parents n’ont pas de voiture alors il a fallu trouver une solution pour permettre à ces jeunes filles issues des milieux difficiles d’avoir une pratique sportive régulière », explique-t-il.

Leur donner une chance de s’en sortir grâce au sport, telle est sa principale motivation. « En tant que bénévole, j’essaie de leur offrir ce que j ’ai reçu enfant. J’ai fait du sport très jeune et j’ai connu des encadrants généreux, dévoués, qui n’hésitaient pas à donner de leur temps. Je voudrais faire profiter à ces jeunes ce que moi, j’ai connu. » 

Des ambassadrices de l’égalité filles-garçons

Des filles qui pratiquent un sport réputé de garçon, c’est déjà un pas dans l’égalité des genres. Ce combat Ivan le mène depuis 2006. Dans cette continuité, l’éducateur sportif et ses Touch rugby girls Globe Trotters, ont monté le projet « Le respect par l’exemplarité ». Ce projet a été présenté dans le cadre de l’appel à projets lancé par la Mission à la Condition Féminine de la province Sud et pour lequel ils ont obtenu une subvention de 300 000 F.

« Notre souhait est que les filles portent le projet, qu’elles deviennent ambassadrices de l’égalité au sein de leurs familles, leurs quartiers et de leurs établissements scolaires. Qu’elles transmettent des messages par le biais de la communication non-violente pour faire bouger les préjugés et les mentalités, explique Yvan. Et grâce à leur exemplarité dans la pratique du sport, dans leur réussite scolaire, mais aussi dans leur intérêt pour la culture générale et l’environnement, qu’elles inspirent le respect de tous et osent s’affirmer et défendre leur choix en tant que fille. »

Les valeurs du ballon ovale comme base

Respect, esprit d’équipe, engagement, courage, dépassement de soi, partage, convivialité, sont autant de valeurs « rugby » qu’Ivan et toute son équipe de bénévoles souhaitent transmettre aux filles. « Ce qu’elles acquièrent grâce à la pratique du touch rugby, elles pourront l’utiliser pour leurs études, leur travail mais aussi pour atteindre des objectifs plus personnels », assure Ivan.

Les bénévoles de l’association Touch Rugby AS Magenta poussent le concept de rugby social en offrant un soutien scolaire à la carte, en développant les compétences sociales et l’ouverture d’esprit des jeunes au monde à travers les voyages, les rencontres sportives, culturelles et en les sensibilisant à l’environnement. « Tous les dimanches, elles vont planter des arbres au Ouen Toro avec le WWF et informent le public sur les espèces menacées.» 

En 2019, Touch Rugby Social Club reçoit « le prix national du projet rugby social » par la Fédération française de rugby (FFR). Une belle récompense pour l’investissement des bénévoles au profit des quartiers défavorisés.

Linda, Carine, Hortense et les autres… « Ce sont comme mes filles, et je veux le meilleur pour elles ! » lance-t-il avec la bonhomie qui le caractérise. Mais Yvan se défend de vouloir se substituer aux parents. « Au sein de l’association, nous voulons juste leur donner une chance de développer tout leur potentiel en leur ouvrant des portes, mais en aucun cas nous ne remplaçons les parents. » 

Et parmi les filles qu’Yvan a entraînées, certaines sont parvenues à un haut niveau français dans la discipline à l’image de Yolaine Yengo, Marie-Hélène Wahnawe ou encore Djémila Ihmanang.

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