Il recycle les déchets de thon en engrais



Utiliser jusqu’au bout ce que nous offre la mer ? C’est le créneau de la société Alter’Native, lauréate de l’appel à projets lancé par la province Sud en matière de recyclage de déchets. La collectivité prévoit de nouveaux ateliers et appels à projets en la matière. Ou comment concilier marché de niche et préservation de l’environnement.


Guillaume Rosselet, vous êtes, avec le touche-à-tout Luc Sorlin, co-gérant de la société Alter’Native et vous commercialisez de l’engrais produit à base de déchets de poisson. En quoi ce procédé est-il original ?

« Ce produit existe ici depuis 8 ans. Son procédé est simple. Nous avons un partenariat avec une pêcherie de Nouville, Pescana, et nous récupérons tout ce qui ne se vend pas, c’est-à-dire les têtes, les lignes de sang, la colonne vertébrale du poisson. À 99 %, il s’agit de thon, ultra protéiné. Tout cela, nous le mettons dans un broyeur, au Mont-Mou à Païta, et nous le mélangeons avec un stabilisateur, qui enlève les bactéries, et une enzyme qui fait que le produit est pur et contient de nombreux oligo-éléments.

En 2019, nous avons recyclé 9 tonnes de poisson en 7000 litres de produits, soit 7 000 bouteilles vendues via un grossiste qui distribue notre produit. En 2020, nous sommes en passe de faire beaucoup plus.

Est-ce l’idée de recycler les déchets de poisson répond à un véritable besoin ?

La Nouvelle-Calédonie qui compte une quinzaine de bateaux de pêche au thon a besoin de cette initiative. La plupart des déchets des pêcheries ne sont pas recyclés et partent à la déchetterie de Gadji, ce qui engendre d’énormes frais. La mer nous donne énormément de poissons et il faut utiliser ce produit jusqu’au bout. Cette année d’ailleurs, nous souhaitons être plus présents sur le marché agricole professionnel car notre produit est une véritable alternative aux engrais chimiques.

Pour cette idée, vous avez été en 2019 lauréats de l’appel à projets de la province Sud concernant la valorisation des déchets. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

C’est un très bon coup de pouce qui nous permet de voir plus loin et d’innover. Nous avons reçu une subvention qui nous permettra d’acheter des cuves qui vont nous permettre de réduire le temps de fabrication d’un mois à une semaine. On pourra valoriser davantage de déchets.

Autre actualité, en partenariat avec l’Adecal Technopole vous menez un projet avec l’Unité de traitement de déchets de poisson (UTDP) à Lifou ?

Exactement, nous sommes tous deux convaincus d’un intérêt mutuel à travailler ensemble. L’ADECAL Technopole, qui met en œuvre l’UTDP pour le compte de la Province des Iles, s’appuie sur notre savoir faire et notre réseau de commercialisation pour écouler une partie du produit traité par l’unité de Lifou. De notre côté, nous augmentons nos volumes de biostimulant disponibles à la vente pour les calédoniens et diversifions notre gamme avec un produit adapté à l’usage des professionnels. ce projet est soutenu par le pôle maritime de l’Adecal à Lifou. Nous allons donc créer la première marque de biostimulant de poisson en Nouvelle-Calédonie, qui aura pour nom Organika, et conjuguer nos efforts pour valoriser une quantité croissante de déchets de poissons, apporter un produit local de qualité respectueux de l’environnement et ainsi contribuer à la vitalité de l’agriculture calédonienne ! »

 



La province Sud lance trois appels à projet : « prévention et réduction des déchets »

Dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique en faveur de la prévention et de la réduction des déchets, la province Sud en partenariat avec l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), a lancé 3 appels à projets visant à encourager et faciliter la transition économique et écologique. Ceux-ci doivent permettre de favoriser l’émergence de nouveaux modes de production et /ou de consommation et ainsi accompagner le développement d’une économie circulaire.

Ces appels à projets sont destinés, dans la limite des budgets disponibles, à soutenir des actions exemplaires et innovantes, fédératrices, reproductibles et pérennes.

Pour tout savoir sur ces appels à projets 2020 :

https://www.province-sud.nc/demarches/thematique/environnement



Mais aussi : bientôt de nouveaux ateliers de la transition écologique et économique

– Atelier n°1 : Alternatives aux barquettes plastiques : services de gamelle et traiteur / Jeudi 25 juin de 16h à 18h

– Atelier n°2 : Valorisation des déchets organiques d’origine animale / Jeudi 23 juillet de 8h30 à 12h30

– Atelier n°3 : Opportunités du réemploi et de la réutilisation des déchets / Jeudi 17 septembre 2020 de 8h30 à 12h30

– Atelier n°4 : Prévention des déchets / Jeudi 26 novembre de 8H30 à 12h30



 

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