Rapsa : 44 ans de lutte contre l’exclusion



Grâce au soutien de la province Sud, l’association Réinsertion des Anciens Prisonniers dans une Société Accueillante (Rapsa) propose un lieu de vie, une écoute, un espace de sociabilisation, d’insertion sociale et professionnelle aux détenus bénéficiant d’un aménagement de peine. Reconnue Centre d’hébergement et de réinsertion sociale par arrêté provincial en 2013, ses missions se sont élargies au fil du temps, dans l’accompagnement des publics vulnérables. 


Si l’objectif premier de la Rapsa lors de sa création en 1976 était d’accompagner d’anciens détenus, ce n’est plus tout à fait exact aujourd’hui. La typologie des publics a évolué et la principale mission de l’association est dirigée vers les détenus en fin de peine.

Depuis la réforme de Dominique Perben avec la loi pénitentiaire de 2009, permettant à un condamné de bénéficier d’un régime particulier de détention, la Rapsa et son foyer d’hébergement « Raymond de Laubarède » accueillent les personnes placées sous-main de justice, soumises au régime privatif de liberté et les accompagnent vers l’autonomie sociale et professionnelle, jusqu’à la libération. « Les détenus sont hébergés au centre où ils finissent leur peine, mais en échange, ils doivent s’engager à respecter le règlement de notre institution et un certain nombre d’obligations », explique Ludovic Fels, le directeur de la Rapsa.

L’insertion professionnelle en ligne de mire

La première de ces obligations est de réparer les dommages et intérêts pour lesquels ils ont été condamnés. « C’est pourquoi, nous les emmenons rapidement vers l’emploi, précise-t-il. Pour atteindre cet objectif, la Rapsa a créé une seconde entité : l’Association Dépotage et Manutention de Nouméa (ADMN). Les détenus accompagnés par la Rapsa, sont tenus de travailler pour l’ADMN sur divers chantiers et perçoivent en contrepartie un salaire. » 

Il s’agit de travail de manutention nécessitant peu de compétences ou d’expériences et aucune formation spécifique. « L’objectif étant de les immerger dans le monde du travail en leur permettant d’acquérir des aptitudes et compétences que nécessite leur insertion professionnelle à leur sortie. »

Grâce à ce système, 50 % de l’activité de la Rapsa est financée par ses propres recettes. « Nous avons un taux de dépendance aux subventions de 50 % » annonce fièrement le directeur. Ainsi, au titre de son fonctionnement, la Rapsa perçoit en 2020, une subvention provinciale de 19,5 millions de francs.

L’autorisation de sortie strictement contrôlée

Parallèlement, les détenus sont suivis par les animateurs d’insertion pour leur projet personnel. « Nous accompagnons les détenus dans leurs démarches administratives pour le maintien des droits sociaux. Les journées où ils ne sont pas sur un chantier, ils peuvent sortir seuls pour effectuer diverses démarches. Une autorisation de sortie leur est accordée à cet effet. C’est une façon de leur faire confiance et aussi de juger leur capacité d’autonomie. »

En cas de non-respect des règles, c’est retour à la case de départ derrière les barreaux. « Si un détenu sort sans que j’en sois avisé, il peut être déclaré évadé dans les minutes qui suivent », déclare intransigeant le directeur. L’aménagement de peine ne doit pas faire oublier que les détenus sont bel et bien soumis à un régime carcéral. Vu le nombre de places limitées : 15 au total, conventionnées par la justice, il faut la mériter. « Avec l’agent de probation et le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), nous veillons à soumettre à la décision du juge, les détenus les plus aptes à finir leur peine dans notre centre. Il y a beaucoup de personnes sur liste d’attente ! »

L’accueil des publics vulnérables

En 2013, grâce au soutien de la province Sud, la Rapsa fait construire sur le site un bâtiment de 4 studios, nommé « Les Alizés ». Ces logements offrent un accueil transitoire aux familles en difficultés sociales et orientées par les services sociaux de la DPASS, en attendant une aide au logement.

La Rapsa dispose également de 4 places au foyer d’hébergement réservées aux personnes en souffrance psychiatrique en provenance du CHS. Il s’agit de patients sous traitement stabilisé et en capacité d’atteindre une certaine autonomie. Par ailleurs, le centre héberge d’anciens détenus à la résidence « Les Papayers » qui désirent reprendre une vie en société. Enfin, la Rapsa reçoit en accueil de jour, le public TIG (Travaux d’intérêt général).

La volonté de la Rapsa, souligne son directeur, est de permettre à ces différents publics de se côtoyer. « Ce n’est pas cloisonné, ils peuvent se voir et échange, cela fait partie du processus de sociabilisation. » 

Dans sa mission de lutte contre l’exclusion sociale, l’association bénéficie d’intervention de professionnels : psychologue, travailleur social, référent médico-social, etc. Elle est accompagnée par le Service d’Accompagnement des Organisations Médico-Sociales (SAOMS) de la province Sud.

« Il y a des personnes qui ont su saisir leur chance et reviennent nous voir plusieurs années plus tard. Elles nous disent : heureusement que vous avez été là parce que cela m’a permis de sortir de la prison et aujourd’hui, j’ai repris ma vie en main, j’ai un boulot et un semblant de vie normale », confie Ludovic Fels.



Fermeture pendant le confinement et accueil des SDF

Pendant la période de confinement, la Rapsa a dû procéder à une libération du centre d’hébergement raconte Ludovic Fels, le directeur. « Le contexte était très compliqué et propice à de nombreuses tensions et dérapages. Fermer le centre pendant 4 semaines aurait été difficile pour les détenus qui se seraient sentis stressés d’être cloisonnés sans aucune activité. Or, l’oisiveté et mère de tous les vices ! Dès le début du confinement, nous avons alerté le gouvernement, le SPIP et le juge de l’application des peines pour demander une révision de l’aménagement des peines pour les détenus qui bénéficient déjà d’autorisation de sortie. Dix ont ainsi pu obtenir une libération conditionnelle et ont été renvoyés chez eux pour finir leur peine. Quatre sont retournés au Camp Est pendant le confinement et ont réintégré le centre d’hébergement depuis la fin du confinement.

Les lits étant libérés, la Rapsa a accueilli dans son centre 15 SDF, tout comme les foyers Les Massanes et Cécile Péronnet. »



 

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