La Province et le parquet de Nouméa s’unissent dans la lutte contre l’abus d’alcool.



Sonia Backes, la présidente de la province Sud et Yves Dupas, le procureur de la République, ont annoncé ce matin, un partenariat pour la lutte contre l’abus d’alcool et la protection des mineurs. Des mesures concrètes applicables dans les prochaines semaines et qui seront soumises au vote de l’assemblée de la province Sud ce jeudi 7 mai. 


La question de la lutte contre l’abus d’alcool et la protection des mineurs avait été abordée lors du comité de la délinquance en décembre dernier. Elle est aujourd’hui suivie par des mesures fortes que Sonia Backes, la présidente de la province Sud et Yves Dupas, le procureur de la République ont présenté ce matin en conférence de presse.

« L’alcool est un fléau en Nouvelle-Calédonie en termes d’insécurité routière, de violence intrafamiliale ou non, mais aussi de cambriolage, car nous savons que l’équation alcool et cambriolage est une réalité. Par conséquent, l’idée est de changer les choses de manière radicale » a souligné Sonia Backes. Ainsi, tous les commerces vont devoir s’adapter. Il doit y avoir dans chaque commerce, un espace dédié et une caisse à part pour la vente d’alcool. »

Le constat est que l’interdiction d’achat d’alcool certains jours de la semaine est inefficace car cela engendre l’effet de stock de la part des consommateurs d’un côté, et l’existence des marchés noirs et autres ventes illicites de l’autre. L’idée est donc de lever les horaires de restriction de ventes à partir de début juin. Mais a contrario, les ventes d’alcool seront réglementées. C’est-à-dire que chaque client devra présenter obligatoirement une pièce d’identité pour tout achat de boissons alcooliques ou fermentées. À cela s’ajoute l’interdiction stricte de vendre de l’alcool aux mineurs

La Province accompagnera ces changements par une aide financière à destination des petits commerces de moins de 350 m2 afin qu’ils puissent investir dans la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions. Par ailleurs, les exploitants de débits de boissons devront suivre obligatoirement une formation de sensibilisation dispensée par la province Sud.

« On se rend compte que l’ensemble de la population n’a pas forcément connaissance de l’impact de la consommation excessive de l’alcool. Et les premiers qui ont besoin d’être formés sont ceux qui vendent l’alcool », précise Sonia Backes.

Le non-respect de la réglementation en vigueur sera sanctionné par une amende de 5 millions de francs, contre 1 million précédemment.

La date butoir pour la mise aux normes des commerces avec un accompagnement de la province Sud est fixée au 1er juin 2021.

Des mesures de protection des mineurs pour lutter contre la délinquance

Le partenariat entre la province Sud et la justice pour la protection de l’enfance sera renforcé par une collaboration étroite a annoncé Yves Dupas, le Procureur de la République. « La justice ne peut pas à elle seule porter cette problématique de la délinquance des mineurs, c’est bien que les collectivités telles que la province Sud puissent s’impliquer et venir en appui pour nous épauler sur la conduite des mesures judiciaires. »

« Un certain nombre de jeunes mineurs errent tard le soir ont des comportements à risque : consommation d’alcool et de stupéfiant, mais aussi cambriolage, souligne-t-il. Nous avons décidé avec la province Sud d’instaurer un signalement systématique de tout mineur se trouvant dehors entre 22 h et 5 h du matin, par une main courante rédigée par un service de police ou de gendarmerie. Cette main courante sera transmise au parquet et aux services sociaux de la Province. » 

Suite à cela, une enquête sera ouverte par les services sociaux pour connaître les raisons de cette errance. La Province pourra intervenir dans le cadre de ses compétences, s’il s’agit d’un problème de logement ou de violence intrafamiliale. Mais l’idée à travers cette mesure est d’engager la responsabilité parentale. « Les enfants doivent être protégés contre les carences éducatives des parents. Le juge des enfants peut prendre un certain nombre de décisions pour leurs devenirs. Cela comprend le placement en foyer ou famille d’accueil si cela s’avère nécessaire. »

Les parents « défaillants » peuvent être accompagnés par les services sociaux pour une aide à la parentalité. Une suspension des allocations familiales sera envisagée si l’irresponsabilité parentale perdure malgré les moyens déployés. Le délit de soustraction de mineur est d’ailleurs passible de 2 ans d’emprisonnement.

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