Quand l’archéologue rencontre le potier…



Après sept mois de beau succès, l’exposition Pèmöru Ko – Faire revivre l’invisible, soutenue par la Province, a fermé récemment ses portes au Centre Culturel Tjibaou. En parallèle se sont tenus deux ateliers visant à ressusciter, le temps d’une matinée, la décoration de poteries dans le plus pur style Lapita !


En ce samedi matin, à l’écart de l’animation qui agite le Centre Culturel Tjibaou, sept apprenties potières mettent les mains à la glaise, pour travailler sous le regard avisé de Jean-Pierre Siorat.

L’objectif de cet atelier atypique ? Concilier immédiatement théorie et pratique, en reproduisant quelques-uns des nombreux motifs pointillés caractéristiques des poteries Lapita. La civilisation du même nom a essaimé dans le Pacifique sud-ouest il y a 3000 ans, et les tessons qui ont résisté au temps nous livrent un subtil témoignage entre art et artisanat.

Pourquoi la base des plats est-elle arrondie ? En quelle matière et comment étaient faits les outils permettant de graver les motifs ? Comment résoudre le problème d’un sable de corail qui présentait l’inconvénient potentiel de faire éclater les ustensiles à la cuisson ? Les participants échangent sur ces questions très concrètes, et M. Siorat apporte ses hypothèses…

Le « conférencier à bâtons rompus » est certes archéologue, mais adepte d’une archéologie expérimentale… Ainsi, en plus des nombreux chantiers de fouilles qu’il a menés, a-t-il consacré une grande partie de sa carrière à tenter de reproduire, avec des argiles et des oxydes minéraux locaux, des poteries dans les conditions d’antan. C’est que Jean-Pierre Siorat a aussi une longue pratique de potier – « j’ai peut-être une vision plus terre à terre que d’autres » glisse-t-il avec un sourire malicieux.

« Pour préparer l’exposition Pèmöru Koon a réalisé un important travail de présentation sur les cartels. C’était primordial pour nous d’avoir une mémoire vivante comme Jean-Pierre pour pouvoir identifier les céramiques et les périodes » souligne Malia Terebo, chargée d’études en archéologie et patrimoine kanak notamment, à la direction de la Culture de la province Sud, également à l’initiative de cet atelier.

Après s’être essayées à la décoration, les participantes ont poussé le détail jusqu’aux finitions colorées, à partir de carbonate et d’oxyde de fer, autrement dit en langage potier : « l’engobe » ! « On voulait faire une activité de découverte qui soit à la fois manuelle et culturelle, tout en apprenant un peu sur une culture nouvelle pour nous, et en famille » lâche Jennifer, venue avec ses deux enfants, conquise par l’expérience. Comme les autres participantes, elle repart avec son propre plat à finaliser à la maison – après quoi ne restera plus que l’étape de la cuisson pour consolider le résultat !


Pour en savoir plus, la page personnelle que M. Siorat a consacrée à ses travaux :

http://www.lapitapots.nc/Page5a.html


 

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