A l’Île des Pins, les Kunié avancent vers un tourisme durable et concerté



Une centaine de personnes a répondu à l’invitation de la province Sud, la semaine dernière à Vao, pour adopter les grandes lignes de la stratégie touristique établies avec les Kunié, suite aux ateliers organisés sur l’île il y a un an.  

Tours en pirogue avec accueil à Saint-Joseph, location de kayak et de paddle dans la baie d’Upi avec la tribu de Youati, sentier culturel et dégustation de bulim à Kéré, bateau à fond de verre dans la baie d’Oro avec Touété… Les idées des Kunié ne manquent pas pour permettre à chaque tribu de profiter du tourisme de l’île des Pins, tout en gardant une démarche concertée et en accord avec l’environnement.

Ces idées ont émergé, notamment, grâce au travail menés depuis les Ateliers du tourisme qui se sont tenus en avril 2018. Manina Tehei, agent de la direction de l’Economie, de la Formation et de l’Emploi (DEFE) a ainsi travaillé pendant plusieurs mois, à Kunié, à faire avancer les projets en rencontrant tous les coutumiers, les acteurs touristiques, et une bonne centaine d’habitants de l’île.

Durabilité et équité

Car le tourisme est l’affaire de tous à l’île des Pins, qui accueille près de 200 000 croisiéristes et plus de 50 000 touristes par ans pour seulement 2 000 habitants à l’année. Principale ressource économique à développer, il est aussi une menace pour l’environnement qui inquiète les Kunié. C’est pourquoi, suite aux Ateliers du tourisme, la province Sud a invité les Kunié à une restitution des réflexions engagées, la semaine dernière. Une fois précisée et mise en œuvre, cette stratégie doit aboutir à la construction d’un tourisme durable et équitable : « Le tourisme est bon pour nous, mais il ne faut pas faire passer ses besoins avant le bien-être de la population », prévient Boniface Noukouan. Coupures d’eau, gestion des déchets, protection de l’environnement et du patrimoine sont les principales problématiques des Kunié.

Pour y répondre, la Province a fait plusieurs annonces, comme la transformation du dépotoir de Kéré, qui doit devenir une installation de stockage de déchets (ISD) à partir de 2020, et la création de points d’apport volontaire pour les six filières de recyclage réglementées (huiles, piles…). La Province prévoit aussi de faire monter en compétence les professionnels du tourisme en proposant, depuis l’année dernière et à moindre coût, des formations en anglais, en sensibilisation à la préservation de leur nature ou encore en e-tourisme. En termes de desserte de l’île, la rénovation et l’agrandissement de l’aérodrome, ainsi que le lancement d’une appel d’offre pour le transport maritime sont aussi au programme.

Des engagements réciproques

Quant à Martine Lagneau, vice-présidente de la province Sud en charge du tourisme et présidente du GIE NCTPS, elle a proposé la création d’un manifeste, sorte de recueil d’engagements réciproques entre touristes et habitants. Présente lors des ateliers et lors de cette restitution, elle réagit : « De ces rencontres, il en ressort des points assez importants comme la valorisation de l’environnement naturel et culturel de l’île. Il y a aussi du travail pour mieux accueillir les touristes, pour améliorer des infrastructures et des services. Il s’agit, avec les Kunié et selon leurs désirs, d’organiser de la valoriser le potentiel de l’île. Et puis, pour les habitants, d’avoir une économie durable et partagée ».

Car face à une fréquentation touristique toujours en hausse et qu’il faut valoriser, il faut aussi veiller à la préservation de la biodiversité. Et tout l’enjeu de cette démarche entreprise par la Province avec les habitants est bel et bien de permettre aux Kunié d’être acteurs de l’élaboration d’une stratégie de développement durable du tourisme, avec des actions concrètes à mettre en œuvre jusqu’en 2025.

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